Théologie de la création et mathématiques à la fin du Moyen Âge: le De macrocosmo de Marco Trevisano et son contexte
Séminaire de Philosophie médiévale dirigé par Aurélien Robert, CNRS, Chargé de conférence à l'EPHE
Le vendredi de 15h à 17h (salle D052, EPHE, Sorbonne, Esc. E, 1er étage), tous les 15 jours, à partir du 24 novembre
Dans la suite des séminaires des deux années précédentes sur les rapports entre atomisme et théologie au Moyen Âge, nous explorerons cette année un texte peu connu, mais unique en son genre: le De macrocosmo de Marco Trevisano. Mort en 1378, ce laïc vénitien rédige ce long traité pour son fils et prétend lui expliquer le monde depuis sa création jusqu'à la fin des temps à la manière de Platon et de Pythagore, c'est-à-dire à l'aide des mathématiques. A Venise donc, un siècle avant Luca Paccioli, bien avant Galilée, on trouve ce premier essai d'explication mathématique du monde.
Le De macrocosmo se présente comme un commentaire de Sagesse (11, 21: Dieu a tout ordonné en nombre, poids et mesure), et se compose de plusieurs traités, sur l'unité, le continu et le temps, d'un haexameron et se clôt par un dialogue entre un maître et un disciple à propos de la création du monde. Si ce traité constitue un hapax, s'il a peu circulé, il révèle la persistance au XIVe siècle de la tradition d'inspiration pythagoricienne que nous avons étudiée les années précédentes dans ce séminaire. Nous suivrons donc certains chapitres de ce livre en les situant à chaque fois dans le contexte plus large des débats mathématiques de l'époque. Que faire de ce cas apparemment isolé dans l'histoire de la philosophie du XIVe siècle? Ce texte indique-t-il l'existence de débats théologiques et mathématiques en dehors des facultés de théologie et des couvents? Quels liens ce texte entretient-il avec les travaux des aristotéliciens de l'Université de Padoue? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce séminaire.