Colloque : « L’invention du chirographe échevinal (XIIIe-XIVe siècles)»
Université de Namur – Salle NARC 55 rue de Bruxelles B – 5000 Namur
Dans le nord de la France ainsi que dans une large part des anciens Pays-Bas, la juridiction gracieuse des échevins a pris la forme originale de chirographes non scellés. Apparus au début du XIIIe siècle, ces actes se caractérisent par leur forme de chartes-parties dont un exemplaire était conservé par un échevin et, partant, par le recours à une devise chirographique servant de signe de validation. Ils sont rédigés en langue vernaculaire et plus particulièrement en « français picard », dans un formulaire dont la structure semble se retrouver d’échevinage en échevinage. L’adoption rapprochée dans le temps du chirographe par différentes juridictions échevinales pose la question de son invention et de sa diffusion, dans un monde où le pouvoir scabinal s’impose à la fois du point de vue documentaire et politique.
Si quelques travaux pionniers furent consacrés aux chirographes échevinaux avant la première Guerre mondiale, force est de constater que ces actes n’ont guère attiré l’attention des diplomatistes jusqu’à l’aube du XXIe siècle. Le caractère souvent très local de la documentation, la relative modestie formelle des actes, ainsi que les ravages provoqués par les deux derniers conflits mondiaux – qui ont vu brûler les gigantesques collections de chirographes d’Ypres et de Tournai – expliquent très certainement cette longue parenthèse. Un regain d’intérêt est toutefois constaté depuis environ deux décennies, dans le sillage du nouveau courant de recherches, complexe, autour de l’étude des scripturalités médiévales et d’un engouement renouvelé pour le patrimoine écrit. Les chirographes échevinaux sont donc (re)devenus un objet d’étude. Au-delà de l’accumulation de travaux sur les cas locaux dans le cadre de monographies, il convient désormais d’essayer d’envisager ce type de documents globalement, comme un phénomène scripturaire traversé par des lignes de force à l’échelle d’une vaste région comprise entre Seine et Rhin, dont les contours précis restent à définir.
Tel est l’objectif de ces deux journées d’études co-organisées par le centre de recherches « Pratiques médiévales de l’écrit » (PraME) de l’Université de Namur, l’équipe « Cultures graphiques » de l’Université catholique de Louvain et l’EA 3400 « ARCHE » de l’Université de Strasbourg, en collaboration avec le PAI 7/26 « City and Society in the Low Countries (1200-1850) ».